Manuel Garrido est responsable du service Environnement chez Bouygues Bâtiment Ile-de-France - Rénovation privée. Il partage avec nous son parcours et nous parle de ses missions.
- Décris-toi en 3#
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- Raconte-nous ton parcours en quelques lignes :
Passionné par les transports depuis mon plus jeune âge, j’en ai fait ma spécialité avec un Master en transports. Ma sensibilité environnementale m’a emmené vers des projets de décarbonation et c’est ainsi que j’ai rapidement intégré les plateformes portuaires de l’axe Seine-Paris-Rouen-Le Havre. J’accompagnais les clients [de Grande distribution, de messagerie express et e-commerce, acteurs spécialisés et tout le secteur des déchets] dans la décarbonisation de leurs chaînes logistiques. Tant sur sur la partie transports que sur la localisation de leurs entrepôts, en gardant l’objectif de livrer avec le moins de carbone et de nuisances possibles le cœur de l’agglomération francilienne.
Puis j’ai voulu me confronter à un autre secteur tout en mettant à profit mon expertise en décarbonation, et c’est comme ça que j’ai eu l’opportunité de rejoindre les équipes de Bouygues Bâtiment Ile-de-France Rénovation Privée.
- Peux-tu nous expliquer ton métier et ses enjeux ?
Je suis en charge de piloter le service environnement et la stratégie carbone de l’entreprise. Les enjeux principaux de mon métier sont d’apporter des solutions sur toute la chaîne de valeur d’un projet de rénovation.
En phase commerciale, il s’agit de proposer des solutions bas carbone concrètes et opérationnelles pour être différenciants, crédibles, éviter le greenwashing, proposer de la valeur aux clients, et améliorer l’empreinte carbone des projets que l’on va être amenés à rénover.
L’autre enjeux de mon métier, est de s’assurer que les objectifs fixés, validés par nos clients, soient tenus en phase de réalisation, et d’être ainsi en appui de nos équipes travaux.
Au-delà de ces objectifs, nos projets répondent à de multiples certifications et labels environnementaux (HQE, BREEAM, LEED, Well, Biodivercity), qui nous permettent d’affermir notre expertise sur toutes les dimensions de l’environnement.
L’une des spécificités du secteur de la rénovation est la conservation : elle consiste à récupérer le plus possible du bâtiment existant pour l’exploiter au maximum. Tant sur la partie Gros-Œuvre avec la conservation structurelle, que sur la phase corps d’état avec l’intégration d’un maximum de produits et matériaux de réemploi. Le lancement de Cynéo, plate-forme de l’économie circulaire portée par BBF, nous permettra de conforter nos objectifs en la matière.
Par ailleurs, notre politique zéro déchet ultime consiste à réduire au maximum les déchets de chantiers, et les trier pour être revalorisés ou recyclés.
Notre objectif majeur est d’identifier des solutions concrètes, opérationnelles, et donc crédibles afin d’être conformes à la stratégie de l’entreprise qui est de diminuer de 30% de CO2 à horizon de 2030 sur la partie matériaux. Pour ce faire, nous avons pour ambition de rendre l’ensemble de nos rénovations conformes au label BBCA (Bâtiment Bas Carbone) dès 2025.
- Comment calcule-t-on l’empreinte carbone d’un bâtiment ?
Il faut prendre toutes les composantes du bâtiment sur l’ensemble de son cycle de vie : définir l’empreinte carbone de tous les matériaux qui vont entrer dans la rénovation, y associer un poids carbone à chaque composante et en faire l’addition. A cela s’ajoute le poids carbone des déchets, ainsi que celui de l’énergie qui sera utilisée lorsque le bâtiment sera en fonctionnement et accueillera ses futurs utilisateurs.
Pour être labellisés, il y a des seuils à respecter. Le challenge est d’identifier des matériaux peu émissifs et de trouver des alternatives pour respecter les seuils fixés.
- Qu’apprécies-tu plus particulièrement dans ton métier ?
Au quotidien, il y a quatre faits qui me stimulent :
- Le sens de mon métier : la contribution à la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour lutter contre le changement climatique et préserver les générations futures.
- La variété des produits sur lesquelles nous sommes amenés à travailler : chez Rénovation Privée, nous travaillons à la fois sur des projets contemporains et sur des bâtiments historiques (en particulier de l’Haussmannien), c’est une réelle chance.
- L’aspect patrimonial et l’historique des lieux, ainsi que la préservation de l’ancien me tiennent à cœur. C’est un sentiment partagé par de nombreux collaborateurs.
- L'ambiance de travail au sein du Groupe : il y a un collectif fort qui motive à échanger et à apprendre davantage.
- As-tu des convictions personnelles en lien avec ton métier ?
C’est difficile de travailler dans l’environnement sans avoir de convictions, c’est inhérent au métier !
Le principal piège pourrait être de tomber dans l’idéologie ou le dogmatisme, mais en ce qui me concerne, j’essaye de rester pragmatique et rationnel : j'aime étudier les idées en termes d’impact concret.
- Des qualités pour travailler ?
Il faut être “touche à tout” car on est face à des problématiques extrêmement diverses : gérer les émissions carbones, la biodiversité, la gestion des ressources telles que l’eau, le sable, ou encore les eaux pluviales.
Il n'est pas possible d’être “le plus pointu des experts” sur tous les sujets liés à l’environnement mais il est impératif d’avoir un certain niveau d’exigence dans beaucoup de domaines. Il y a de nouvelles avancées quotidiennes, il faut savoir être curieux et apprendre par soi-même.
